Porter de la fourrure donne mauvaise conscience
Vous avez peut-être eu l’opportunité de voir ces affiches militant contre la fourrure, portant des slogans accrocheurs ? Les slogans en sont parfois durs, parfois moins heurtants. Une fois n’est pas coutume, la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVPA) avait lancé fin 2006 une grande campagne de sensibilisation par voies d’affichage, de publicité dans les journaux et par la création d’un petit dépliant.
Le but de la SVPA n’était pas de choquer, ni d’insulter, mais bien d’interpeller les gens sur le fait que les mots en disent parfois d’avantage que les images-choc. Force est de constater que nos yeux sont appelés à subir bien des images atroces, de moins en moins censurées, et que nous n'y faisons même plus attention. Lors de la préparation de sa campagne initiale, la SVPA s'est heurtée à une réaction surprenante. Les mots ont été jugés trop crus, car ils forcent probablement le promeneur à s'interroger sur ce qu'il lit. Toute la différence entre lire un bon roman et voir un film au cinéma réside là. Le cerveau occulte ce qu'il juge trop dur à contempler pour nous, le banalise ; il ne le peut plus lorsque nous sommes contraints à réfléchir à un message.
Les termes utilisés pour cette campagne sont à prendre au second degré, nous ne sommes ni des coqs, et encore moins des dindes, mais ils invitent chacun à la réflexion sur le fond indiscutable de vérité de certains clichés et de nos habitudes de consommation… ainsi que sur la réalité de la cruauté en matière de commerce de fourrure.
Cette campagne a suscité énormément de réactions, positives et négatives, un abondant courrier postal et électronique. Cependant, le bilan pour la SVPA fut positif, puisque d'après les sondages réalisés, 80 % des personnes interrogées étaient favorables au message de la SVPA. De plus, cette campagne a été bien couverte par les médias, avec le résultat qu'il a été tout simplement impossible de passer à côté.
Stéphane Crausaz
Au sujet de la douceur… et de l’imagination
Les hommes sont plus sensibles à la douceur. Beaucoup prétendent offrir une fourrure parce que c’est doux. Ils devraient pourtant savoir qu’une femme n’est pas un porte-manteaux.
Le marchand leur aura fait croire sans doute qu’une femme est plus douce quand on lui offre une vraie fourrure. Mais un manteau de vison est moins une preuve d’amour qu’une preuve d’argent ; une femme aime les petites attentions très tendres, les coups de coeur qui ont de l’imagination. C’est un peu moins facile que d’acheter une fourrure, bien sûr, mais c’est tellement plus doux…
Les hommes devraient témoigner leurs sentiments à la femme qu’ils aiment autrement qu’en la transformant en poule de luxe. La plupart d’entre eux (ceux que nous aimons) le savent bien…
Au sujet de la chaleur… et de nos grands-mamans
Les personnes âgées sont plus sensibles au froid. Certaines vieilles femmes prétendent donc porter une fourrure parce que c’est chaud. Elles savent pourtant qu’il faut plus de 40 peaux de visons pour faire un seul manteau.
Le marchand leur aura expliqué que les Inuits portent de la fourrure pour survivre au froid. C’est vrai, mais les esquimaux respectent la nature qui les fait vivre ; ils confectionnent leur vêtement avec la peau d’un seul animal (un ours, par exemple) dont ils ont consommé la viande pour se nourrir. C’est l’équivalent pour nous d’une bonne veste en peau de mouton.
Les textiles ont fait d’énormes progrès. Nos grands-mamans peuvent se préserver des frimas autrement qu’en portant des bêtes mortes sur le dos… La plupart d’entre elles (celles que nous aimons) le savent bien…
Au sujet de la beauté… et de nos petites amies
Les jeunes filles sont très sensibles aux modes. Aussi n’est-il pas rare que certaines naïves portent un liséré en fourrure en prétendant que ça fait joli ! Elles savent pourtant que le renard (teint en bleu) qu’elles ont autour du cou a été électrocuté au moyen d’une électrode enfoncée dans l’anus.
Le « créateur de mode » explique qu’il s’agit de renards d’élevage. Ce qu’il oublie de préciser, c’est que ce renard (quand il s’agit bien d’un renard et non d’un chat ou d’un chien), a vécu pendant des mois dans une cage de 50 centimètres et qu’il n’est pas fait pour ça !
Il existe des cols en fausses fourrures colorées. Nos amies sont bien plus belles quand elles jouent avec une mode plus vivante et plus gaie. La plupart d’entre elles (celles que nous aimons) le savent bien…
Au sujet de la réalité…
La réalité c’est que chaque année, près de 23 millions de visons sont pelés comme des bananes pour que les grues, les cruches et autres petites dindes se regarde marcher dans les rues huppées de nos cités…
La réalité c’est que chaque année, près de 5 millions de renards sont épluchés comme des oranges pour que les vieux coqs et autres jars de basses-cours affichent leur fortune et leurs femmes au petit cirque des prétentieux.
La réalité c’est que chaque année, plus de 2 millions de chats et de chiens sont encore écorchés pour la réalisation d’accessoires ou de décorations en fourrure teinte qui ornent le col ou la bordure de certains manteaux.
La réalité c’est que chaque année, un nombre incalculable d’animaux de toutes sortes sont dépiautés dans des conditions scandaleuses pour le plus grand profit d’une industrie de la fourrure qui a perdu toute décence.
…et de nos choix
En achetant de la fourrure, alors que les textiles d’aujourd’hui nous offrent tout le confort désiré, nous encourageons un commerce qui méprise la vie animale, la beauté naturelle autant que la dignité humaine.
La beauté, la chaleur et la douceur sont des qualités synonymes de vie.
Ces mots perdent malheureusement tout leur sens lorsqu’il s’agit du commerce de la fourrure !