Le mulet est connu depuis la plus haute Antiquité. Philippe de Macédoine l’utilisait déjà dans ses armées. L’Ancien-Testament mentionne dix fois les mules et les mulets. Le roi Salomon recevait des mulets comme présents. Quand les romains parvinrent en Espagne, ils en trouvèrent également. Ce sont ces mulets des Pyrénées qui se sont répartis en France à partir de l’an 1000. Vers 1910, la place de Sion fournissait 800 mulets à l’armée. Le train de montagne utilisait les mulets pour porter, dans les sentiers muletiers, des provisions, des mitrailleuses, des lance-mines, des affûts de canons d’infanterie.
Tous ceux qui ont eu l’avantage de travailler avec des mulets en gardent un souvenir impérissable, que ce soit dans la vie civile ou au service militaire. C’est non seulement un animal de trait, mais surtout un animal de bât. Avant l’hélicoptère et les voitures tout-terrain, c’était l’animal de choix pour le transport en montagne. Les Valaisans ont vécu des siècles dans les hautes vallées grâce aux mulets. Parce qu’ils ont le pied sûr, parce qu’ils sont insensibles au vertige, parce qu’ils savent se placer dans des sentiers étroits par rapport aux précipices, les mulets ont été les précieux auxiliaires des montagnards et de l’armée. Ils sont de bonne volonté, infatigables, endurants, et il est regrettable que l’armée ait maintenu des chevaux dans les effectifs du train de montagne, plutôt que des mulets. Le mulet est plus cher qu’un cheval à l’achat, mais ses avantages l’emportent en montagne sur ceux du cheval, qui est plus nerveux, s’effraient davantage des précipices, a le pied moins sûr en montagne. Le mulet supporte mieux le bât que le cheval ; il transporte aisément des charges correspondant au cinquième de son poids. Hybride d’une jument et d’un âne, il a la mémoire du cheval et l’intelligence de l’âne. Il est rancunier et se souvient de ceux qui l’ont maltraité. C’est pourquoi certains mulets sont réfractaires à l’uniforme militaire, ruent et cherchent à mordre.
Ce n’est pas un animal fragile comme le cheval. Lorsqu’il est convenablement soigné et nourri, il est rarement malade. Un dicton prétend qu’un mulet n’est malade que pour mourir. Il y a lieu cependant de s’inquiéter s’il est triste, s’il présente de l’inappétence, si ses oreilles sont basses et si son poil est terne.
Son hygiène : le mulet demande autant de soins que le cheval en ce qui concerne le pansage et le ferrage. Il faut l’étriller et le brosser tous les jours, rafraîchir avec une éponge imbibée d’eau les yeux, les naseaux et les parties péri-anales. Traité avec douceur, il est aussi docile que le cheval. Le mulet n’aime pas à être ferré ; obligé de passer par des sentiers caillouteux, il doit être ferré, sinon la corne s’userait trop rapidement et présenterait des défectuosités qui le feraient boiter. Il faut être particulièrement prudent lors du ferrage, le mulet se défendant très bien par des ruades et des braiments.
Son habitat : tout ce qui a été dit et expliqué pour le cheval est valable pour le mulet. Le mulet résiste mieux à la chaleur que le cheval, mais il est plus sensible au froid. Il peut passer ses jours et ses nuits dehors, au pré, durant l’été seulement. Le reste du temps, il lui faut un boxe avec des fenêtres donnant sur l’extérieur, afin que le mulet puisse passer sa tête et voir ce qui se passe dehors. L’automne et l’hiver, le mulet ne quittera son boxe que pour le travail, la promenade ou les ébats au pré. Dans le boxe, il dort, il est pansé, il est nourri ; on compte pour le boxe 4 m de largeur et 4 m de longueur, pour 2,8 m de hauteur. Il est bon de recouvrir les parois en ciment de lambris de bois jusqu’à une hauteur de 1,50 m. Le sol est en pente douce vers la rigole pour l’évacuation des urines et du purin jusqu’à la fosse. La porte doit (suite de la page 11) avoir 1,50 m de largeur et se fermer par un loquet. Abreuvoir, mangeoire, coffre à avoine fermé sont l’équipement du boxe. La litière de paille peut être mise en tas : le mulet en mangera et la répandra aussi dans tous le boxe. Avant de mettre la litière en place, il est recommandé de répandre un peu de superphosphate pour diminuer l’odeur dégagée par le fumier. Tous les jours la partie souillée de la paille doit être changée. On retourne la paille pour enlever celle qui se trouve dessous et qui est imbibée de purin. Tous les 6 mois au moins, il faut nettoyer le boxe à fond : on gratte et lave le sol, les murs, la porte avec de l’eau de soude bouillante à 4% ; on badigeonne les murs avec de la chaux éteinte ou une dispersion.
Son alimentation : le mulet mange les mêmes aliments que le cheval, mais, à poids égal, il mange la moitié moins. Il n’est pas délicat et accepte du foin que le cheval refuserait. Il lui faut par jour 3 kilos de paille, 2 kilos de foin et 2 kilos et demi d’avoine. Répartis en deux repas, matin et soir. Le foin doit être verdâtre et non grisâtre ; il doit être sec et propre. D’instinct, le mulet évite les plantes toxiques ; cependant, il vaut mieux lui soustraire l’if et ses fruits, la digitale, la belladone, l’aconit, le colchique, le cytise et ses fruits. La paille de froment lui convient bien, et aussi celle de seigle. Si le mulet est au pré durant toute la journée, on peut diminuer les doses ci-indiquées de moitié. Il faut cesser de le mettre au vert dans les cas de diarrhée. L’avoine doit être de bonne qualité, sèche, inodore, tendre. Lorsque le mulet n’est pas soumis à un travail, l’avoine peut être remplacée par de l’orge ou du seigle. Lorsqu’il est soumis à une grande activité, on peut ajouter au foin quelques carottes crues. Près de la mangeoire, une pierre à lécher équilibre son alimentation en sels et autres minéraux, ce qui empêchera le mulet de lécher les parois du boxe. Le mulet doit disposer de 25 litres d’eau de boisson par jour, eau propre et jamais glacée.
Ses maladies : les poux provoquent des démangeaisons à la queue et à la crinière, de même la gale qui s’installe près des oreilles et aux membres. Les vers intestinaux engendrent de l’amaigrissement et un prurit anal. Les courants d’air provoquent le coryza, l’angine, la pneumonie, la bronchite, même la pleurésie. L’indigestion et les coliques se déclarent chez les mulets qui n’ont pas suffisamment de mouvement, qui ont une nourriture trop riche et qui n’ont pas reçu assez à boire. Un défaut d’alimentation peut engendrer la fourbure, inflammation de la chair du sabot. Elle est également due à un manque de mouvement. Les douleurs du ou des pieds provoquent alors de la boiterie et même le refus de se tenir debout. C’est un cas grave qui doit être soumis au vétérinaire. Le tétanos provient d’une blessure non désinfectée, comme les blessures aux genoux (mulet couronné) ou de blessures profondes par des fils de fer barbelés. Le claquage de tendon (tendovaginite et tendinite) est douloureux et engendre une forte boiterie, quand le mulet est soumis à des efforts brusques, violents ou à une surcharge.